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1.08.2016

Minuit passé

Se sentir choisie.
À minuit passé, se faire réveiller par mon cellulaire qui sonne au pied de mon lit, affichant une photo de lui, montures démesurées et veston ajoutant à son charme de mi-trentenaire assumé. Essayer de me donner un contexte spatio-temporel parce que je me suis encore endormie sur les millions de pages Pinterest de coiffures faciles et de smoothies granos en écoutant du Ben Howard. Répondre d'une voix mi-rauque, mi-reposée et me surprendre à me demander pourquoi il m'appelle..

Se sentir précieuse.
À minuit passé, me glisser doucement dans une conversation mi-tenue qu'il est juste en bas de chez-moi depuis 10 minutes et qu'il hésite à sonner. Le sentir un peu en état d'ébriété et lui en vouloir un instant de s'être rendu jusqu'ici. M'attendrir de la raison de sa présence dans ma cour. Parce qu'il voulait simplement me dire Bonne nuit avant de reprendre la route vers son canton lointain où il doit se trouver le lendemain aux aurores.

Se sentir unique.
À minuit passé, me lever de mon lit en culotte de coton et t-shirt de Star Wars pour aller débarrer la porte du bloc en lui donnant la permission de rentrer un peu. Me demander de quoi j'ai l'air. J'ai pas croisé de miroir. J'ai un chignon un peu défait sur le haut de ma tête et probablement une trace d'oreiller sur la joue. Me demander 5 fois si je ne devrais pas prendre 10 secondes pour aller m'assurer d'être au moins présentable.

Se sentir excitée.
À minuit passé, me dire que je suis dans ses pensées même lorsqu'il ne pense plus si droitement... Me demander pourquoi? Pourquoi, suivi de dizaines de mots qui forment des questions qui ne se répondent même pas. Revenir sur Terre, me calmer. Je dormais il y a 5 minutes, n'oublions pas. Le voir arriver par l’entrebâillement de la porte de l'appartement, le laisser entrer. Le laisser agir.. Et sentir ses lèvres donner le signal d'alarme.

Se sentir sauvage.
À minuit passé, me demander si le coloc dort pendant que j'embrasse mon visiteur comme si nous étions seuls au monde. Me laisser tenter. Me laisser porter. Me laisser pousser et sentir son corps épouser le mien, adossée au mur, mes mains déja sur ses fesses et dans son dos. Le laisser malmener ce qu'il me reste de mise en plis, le laisser empoigner ma mâchoire pour mieux soigner mes lèvres de leur fièvre charnelle. Le laisser me dire qu'il a très envie de moi.

Se sentir désinhibée.
À minuit passé, me laisser empoigner les seins par dessous mon t-shirt, succomber à des râles partant du bas de ma colonne jusqu'à la racine de mes cheveux. Le sentir retirer ma culotte et glisser ses doigts froids sur ma fente chaude. Bouillir de l'intérieur, de ne pas pouvoir reprendre du gallon même avec mes efforts. De me laisser aller. Lui retirer sa ceinture, défaire sa chemise. Toujours dans l'entrée de l'appartement.

Se sentir désirée.
À minuit passé, m'agenouiller devant lui, défaisant sa braguette. Empoigner sa verge avec envie et conviction, dans le noir d'un logis qui avait fermé sa porte pour la nuit. Ne voir que la lueur des lampadaires entrant par la porte-patio lui éclairer le visage. Voir ses yeux se fermer, ses lèvres s'ouvrir, son dos se cambrer, ses mains caresser mes joues. Me retenir d'aller trop loin ou trop vite. Et me retrouver sous son corps, à quatre pattes sur le tapis de l'entrée avec sa queue entre les cuisses.

Se sentir étreinte.
À minuit passé, le sentir de retirer de mon intimité après une dizaine de coups de bassin. Le sentir me prendre dans ses bras, un baiser sur le front. L'entendre me demander s'il peut m'accompagner à ma chambre. Savoir qu'il a déjà compris. Le laisser marcher le premier. M'effondrer sur lui, pour lentement continuer notre valse passionnelle. Avoir le sentiment qu'il veut m'offrir son âme et pas seulement son corps. Lui huiler le sexe et en prendre soin comme de la prunelle de mes yeux pendant de longues, longues et douces minutes.

Se sentir envoutée.
À minuit passé, le laisser m'embrasser, prendre mes mains, coller nos peaux. Le laisser m'attirer contre lui. Me coucher sur le ventre à ses côtés... le regarder me détailler à la lueur de mon écran de PC qui affiche maintenant la pochette de mon album préféré de Feist. Tendre l'oeil vers son érection qui palpite.. Le voir se relever, coucher son corps sur moi et lascivement, me pénétrer doucement, avec un calme et un contrôle parfaits. Sa bouche sur ma nuque, tendre et confortante.

Se sentir abandonnée.
À minuit passé, lui donner le droit de faire ce qu'il veut de moi et jouir de tant d'abandon et de confiance mutuels. Comprendre que la douceur fera place à du bestial. Me dire que j'en ai envie aussi. On ne s'est jamais trompé depuis qu'on se connait, complices sans même se dire un mot. Garder le silence le plus grand qui soit, mais avoir envie de grogner d'envie. De tout oublier et de faire à nos têtes. Se damner à des jeux de corps. Des frictions sensuelles aux toucher du bout des doigts presque tantriques. Ça semble durer des heures. S'endormir après avoir presque joui en même temps, son corps effondré sur le mien, sa main dans mes cheveux, nos jambes enlacées.


..mais au matin, plus rien, si ce n'est que je suis nue et seule dans mon lit, et que mon alarme sonne comme prévu à 7h40. Je me rejoue quelques images. Traversant le tapis de l'entrée jusqu'à la machine à café.

Était-ce seulement qu'un rêve?

...j'ai ses ongles sur ma cuisse et son parfum imprégné à mon épiderme.
Et plus tard en avant-midi, un petit message texte avec une photo noire et blanche de moi qui dort, nue dans la pénombre..



Mamz'elle J xxx







































1 commentaire:

  1. Magnifique texte!

    On perçoit bien l'envie de se laisser aimer, mais la peur de se faire blesser...

    :-)

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