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1.25.2016

J'ai rien demandé

Je t'ai rien demandé.
Je t'ai pas demandé de me voir dans ta soupe.
Je t'ai pas demandé de me texter 300 fois par jour.
Je t'ai pas demandé de m'appeler tous les soirs pour prendre des nouvelles de moi.
Je t'ai pas demandé de me raconter tes bonheurs d'être papa.
Je t'ai pas demandé de m'inviter à souper chez-vous.
Je t'ai pas demandé de me faire visiter ta maison.
Je t'ai pas demandé de me garder à coucher.
Je t'ai pas demandé de me laisser croire que tu avais de la place pour quelqu'un dans ton coeur.
Je t'ai pas demandé de changer tes plans pour que je puisse te voir.
Je t'ai pas demandé de dire en me regardant dans les yeux, dans un élan d'émotion que tu étais en train de tomber pour moi.

Je t'ai juste demandé d'être honnête et de ne pas t'emballer.
Je t'ai juste demandé ce que tu attendais de moi, question à laquelle tu n'as même pas su me répondre. Parce que je sais pas pourquoi, tu m'idéalises tellement depuis le début.
Tellement que je me sens gênée de me présenter telle que je suis.
Toujours à me dire que je ne dois pas croire ce que tu affirmes. Que c'est impossible que ce soit si spécial avec moi et jamais avec d'autres. Je sais que je ne suis pas une pauvre niaiseuse, que ça va bien trop vite pour que ce soit sain. J'ai juste trop souvent envie de donner la chance au coureur, à en oublier le risque. À ne pas embarquer dans le jeu de la rancune et de la généralisation. Je ne veux pas devenir méfiante chaque fois qu'on me complimente, à me demander si dès la troisième syllabe prononcée, on ne se joue pas déjà de moi. Et je n'ai pas l'impression que tu as fait exprès, je ne suis pas totalement pessimiste, j'ose croire que tu n'as pas essayé volontairement de m'aveugler avec toutes ces belles paroles.

C'est ton envie de sérieux, ton envie de stabilité. Ton goût pour un retour sur terre, avec les valeurs nobles que tu me nommais une après l'autre qui ont tout changé. J'avais fini par laisser se ramollir ma carapace. À te croire quand tu me disais que tu voulais du vrai. Que tu ne voyais que moi.
Si ça avait été clair depuis le début que tu cherchais du plaisir charnel, on s'en serait tenu à ça. À la limite, j'aurais pu te dire que j'étais pas intéressée. Parce que j'en avais plein le cul d'être le trou. La culbute du mardi soir. Le coup vite fait qui ne s'attarde pas après le coït.
La langue et les mains généreuses.
La cochonne qui se refuse rarement.

Mais tu le sais.
Je t'ai rien demandé.
Je t'ai même dit que je n'étais pas celle que tu croyais que j'étais, pour descendre un peu tes attentes et que tu réalises que j'étais pas la reine que tu t'imaginais.

J'arrive pas à me faire à l'idée.

Je retiens des jurons et des larmes.
Je ne l'ai pourtant jamais cru que j'étais la tienne.
Juste parce que je n'ai plus l'estime de moi-même que ça prend pour être naïve et m'emballer.
J'étais au neutre. Pas encore partie. Alors que tu allais à cent milles à l'heure sur l'autoroute d'une vie qui ne m'appartenait pas.

Pourquoi alors c'est moi qui se fait rentrer dedans?

Qu'est-ce que j'attend donc de la vie.
Si seulement j'y avais cru un peu, mais même pas un seul instant.
Je suis rendue sans coeur à ce point-là. Fermée à tout bonheur. Il n'existe pas mon bonheur.
Il ne dure jamais. Il me rend malheureuse mon bonheur.

J'ai rien demandé. Et j'ai mal.


Jade.





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