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6.27.2015

J'imagine

Je nous imagine, avec une bouteille de rouge et beaucoup de temps, sur le bord d'une rivière éloignée.
Je nous imagine entrelacés et heureux de se retrouver enfin tous les deux, à l'abri des regards, à l'abri des contraintes, à l'abri du temps qui passe.

Je m'imagine prendre soin de toi, te cajoler, te caresser, te faire oublier tes derniers mois. Avoir l'ambition de laisser un souvenir indélébile qui te fera sourire pendant des jours, peut-être même des semaines, en te rappelant ce moment.

Je nous imagine réfugiés dans notre bulle commune, cette bulle qui ne se formera je crois pas si souvent pour les temps qui viennent. Je prends un peu le plaisir égoïste de me dire que ta tête et ton coeur seront avec moi pour au moins ces quelques heures. Pas d'inquiétude, le quotidien écarté, ma tête sur ta poitrine et ta main dans mes cheveux.

Ce serait faux de te dire que je n'ai pas au moins imaginé cent fois ce moment par pure envie de toi.
Parce que j'aimerais sincèrement me rapprocher suffisamment pour que tu lises sur mes lèvres ce que je me retiens de te dire depuis que je te connais. Et connaitre... c'est un trop gros mot pour le contexte.. Je mentirais si je disais que je n'ai pas espéré que cette pulsion qui me garde en constant état de questionnement ne m'épuise pas un peu aussi. Que chaque fois que je m'élance pour te faire une invitation, je suis prête à gager que ça fonctionnera pas. Que tu aurais envie de dire oui, mais que le timing n'est pas là. Que le petit diable et le petit ange sur chacune de tes épaules se font une guerre acharnée chaque fois et que pour le séparer, la plus sage décision sera de ne pas prendre de décision.

Un jour, je ne sais quand, cette brèche se sera refermée.
Ce n'est pas une menace, mais c'est la réalité. Après tout, deux personnes ne peuvent pas se désirer autant pendant des décennies sans jamais faire le pas en avant pour voir jusqu'où ça les mène.
Et je sais que c'est facile pour moi de voir la situation comme ça alors que tu as une multitude de choses à voir avant de te laisser aller à une aventure aussi grandiose et enivrante que celle que nous aurions, mais je continue d'imaginer. Et d'espérer qu'un jour tu franchisses le pas.
Pas d'attente. Pas de pression. Juste par envie de moi et par envie de t'abandonner.

Je n'aurais probablement pas le même discours dans ta situation.
Et je comprends le processus de pensées et assurément même de culpabilité qui t'habite, je dis ça en total objectivité. Ce que je tiens à te dire, c'est que je nous imagine à un stade bien plus ancré que seulement une baise de convenance à la sauvette parce que le couvre-feu approche. Bien plus intime que juste de te laisser me mettre tes doigts dans mon cul serré et me faire jouir en me regardant dans les yeux. Plus liés que de s'embrasser en me plaquant contre ta voiture un soir de juin, ta main découvrant mon absence de culotte et la mienne découvrant ton envie de me pilonner jusqu'à me faire hurler ton nom.

Mais je me trompe peut-être...


M'enfn, j'imagine.



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