Le party d'Halloween était organisé par une petit groupe de mes collègues de travail. Comme nous sommes environ 50 employés, il faut trouver une salle assez grande et s'entendre sur l'apport de chacun au party. Mais les convives vont avoir une surprise.. ils savent l'heure à laquelle il vont apprendre les détails de la soirée, mais ne savent pas l'endroit où il se trouvera. Et par un miracle inouï, mon boss sera présent. Lui qui ne veut jamais joindre les activités hors-travail..
Nous sommes vendredi 19h et dans quinze minutes, je recevrai le message Facebook m'annonçant à quel endroit je devrai me rendre pour le reste de la soirée. Comme il ne s'agit pas d'un party accompagné et que je prévois m'éclater en bonne et due forme, j'ai déjà réservé une chambre d'hôtel au centre-ville avec une amie et on se partage les frais. Tout le monde est heureux.
J'ai acheté un costume à peu de frais lors d'une vente de débarras chez un antiquaire qui possédait un petit studio photo. Entre les grosses robes avec 40 jupons et les corsages poussiéreux, j'ai trouvé un mignon costume de boniche, le petit tablier de dentelle et le bandeau assorti. Jolie robe noire lacée au dos pour aller dessous et le plumeau en prime. Pour une bagatelle, j'avais mis la main sur le genre de costume un peu vintage que j'aime bien, avec une touche d'histoire. Une fois le costume enfilé, je me sentais coquine. Une petite coupe cintrée, le tablier à la taille, j'imaginais mes longs cheveux remontés en un chignon un peu bohème et un petit soulier verni pour compléter l'ensemble. Seule chose; mes jambes nues en plein mois d'octobre me faisait un peu peur, d'autant plus que je ne connaissais pas du tout l'endroit dans lequel se déroulerait le party et que je devais m'attendre un peu à tout..
Je fouillais dans mes tiroirs à la recherche d'un nylon couleur chair, mais je ne trouvais que des collants noirs opaques. Je me disais que je ne pouvais pas mettre ça. Ça enlevait tout le charme de mon costume..
Mais est-ce que j'allais oser autre chose? En fouillant dans ma lingerie, je suis tombée sur une paire de bas de la couleur parfaite. Sauf que ces bas était mes bas auto-fixants hyper chers et je ne savais pas si l'occasion était bien choisie pour enfiler ce genre d'accessoire, étant donné la teneur en plaisir qu'il y allait avoir durant la soirée.
Faute de ne pas trouver autre chose, à part une paire de bas en filet qui me donnait l'air d'une pute à plumeau, j'ai enfilé les bas mais je me retrouvais aussi à devoir porter le porte-jarretelles qui allait aider au soutien. Je ne prendrais pas la chance de voir un de mes bas se dérouler pendant que je «shake» le cocktail par excellence de la soirée! Et comme j'avais le porte-jarretelle, pourquoi ne pas agencer le soutien-gorge. Bref, c'est avec un peu d'énervement et d'appréhension que je me suis rendue au party avec mon costume et tous les ajouts faits en apportant mon plumeau et mes achats en alcool pour faire mon punch, recette personnelle testée auprès de tous mes amis la veille.
J'ai reçu le message qui me dévoilait l'endroit. Une salle de quille sur le boulevard Charest à Québec.
Je ne connaissais pas le choix de costume de mes amies et priais pour ne pas me retrouver avec une autre boniche dans la salle. Déjà que j'allais devoir changer une partie de mon costume pour des souliers de quilles, on ne se cachera pas que ça allait déjà un peu perdre de sa magie.
Vers 20h30, tout le monde est là. On nous a autorisé l'accès à une salle adjacente pour ranger les manteaux et le bol à punch. Je suis là à compléter mon mélange d'alcool et de jus quand mon patron arrive pour déposer ses choses.
«Jade?»
- Ah.. allo! Terrifiant le costume! Le sang sur le bord de la bouche et tout, ça fait vraiment changement de la chemise propre et des pantalons pressés de la semaine!
- Oui hein! Je sais que tu aimes bien mon uniforme de travail, surtout quand j'ajoute mes boutons de manchette pied-de-poule, mais j'avais besoin de faire un peu changement.
- Qui t'a dit pour les boutons de manchette?
- J'ai mes sources..
Et là, j'ai rougi.
-Tu fais quoi au juste?
- Un petit punch d'Halloween! C'est ma contribution à la soirée. Tu veux goûter?
- Oui, mais j'espère que tu n'as rien mis d'aphrodisiaque dedans!
- Eum.. pourquoi, ce serait mal? lui répondis-je avec un clin d'oeil avant d'aller chercher un verre dans mon sac.
Les gorgées prises auparavant afin de doser la quantité de vodka à ajouter dans le breuvage ont commencé à faire leur chemin vers mes sens. Je me questionne vraiment à savoir comment il a pu savoir pour ma confession sur ses boutons de manchette mais en fait, ma plus grande inquiétude est de ne pas savoir s'il a su autre chose. Dieu sait que des pensées un peu cochonnes tournées vers mon patrons depuis cet été, j'en ai eu quelques unes. Je ne les ai pas toutes avouées. Mais parfois, j'ai laissé échapper quelques bribes et je ne les ai pas rattrapées à temps. Rien de tellement inavouable, mais bon.. On connait mon tempérament au travail!
Me relevant lentement, je jette un oeil vers mon patron qui me regarde aussi. Son oeil est brillant. Je ne sais pas si lui aussi a commencé son party personnel et se préparant à la maison. Une bière tranquillement bue en appliquant son fond de teint blanc sur sa mâchoire carrée. Puis, un dernier rhum 'n coke avant de partir.
Il me souriait. Je lui souriais. Il faut dire que ce pantalon lui fait une cuisse d'enfer et me fait remarquer que je distingue son sexe dans un rayon de lumière produit de l'autre côté de la pièce. Comme mon patron fait près d'un mètre et demi pour 110 kilos, que du muscle, j'imagine assez bien la taille de l'engin, mais je laisse passer la pensée grivoise parce que.. bah, c'est quand même mon patron.
- Alors, tu as un couvre-feu? lui ai-je demandé en lui versant un verre de punch.
- Non du tout. Mes parents habitent ici pas très loin en haute-ville mais sont partis pour le weekend alors je vais aller dormir chez-eux plutôt que de refaire une demi-heure de route. Je vais laisser l'auto ici et y aller en taxi.
- Sage décision, monsieur le patron.
- Jade, ici appelle-moi par mon nom. Je ne suis plus ton patron du moment où tu n'es pas payée. Mais tu peux m'appeler Maitre.. hahaha!
Je l'écoute rire et je me demande si ça, c'est une blague ou s'il connait aussi ce côté de moi.
- Cheers! À ton premier party avec les employés! Toi qui ne sors jamais de ton Lac-St-Charles, tu vas enfin savoir de quoi sont faits nos rassemblements!
- Ouin, ça a pas l'air chic quand j'entend parler de vos niaiseries. Mais bon.. j'ai hâte de voir à quel point la fille du punch supporte sa propre création!
Je lui fais une moue boudeuse. Avec mes grands yeux de biche, j'arrive quand même à laisser paraître ma petite pointe d'excitation à me retrouver ici avec mes collègues préférées. Il étire sa main à ma joue;
-Ris donc un peu là! Tu sais bien que je niaise!
Son clin d'oeil me fait changer d'attitude en un instant.
Je lui lance: Arrête de niaiser et amène donc le bol à punch que j'aille servir les invités!
Et il me répond: Oui ma belle petite ménagère, tout de suite.
Cette soirée ne sera pas de tout repos..
Tout le monde est ravi de le voir, il est occupé à converser avec plusieurs petits groupes. Les équipes se sont formées pour le championnat de quilles, mais plus la soirée avance, plus je dilue le punch avec un peu plus de rhum blanc et de jus fruités, et plus les gens semblent enivrés par l'alcool. Je suis en équipe avec mes trois collègues féminines préférées, mais pour les besoins de la cause, je dirais que je joue aux quilles avec BettyBoop, Lara Croft et la princesse Leia. Et vraiment, le soulier de quille défait absolument tous les costumes de l'assistance. On a réservé 7 allées de quilles et fait mettre de la musique électro. Les gens qui ne sont pas avec nous et qui jouaient tranquillement à l'autre bout de la salle se demande vraiment pourquoi nous sommes accoutrés de la sorte.
La partie est sur le point de terminer que je commence à avoir beaucoup de plaisir et à me dégourdir. Je ne suis pas bonne du tout aux quilles. J'ai une absence de capacité à viser lorsque j'ai bu. Je serais une conductrice médiocre sous l'effet de l'alcool et je remercie ma logique et mon sens du devoir de m'avoir inculqué la prudence du «Tolérance zéro».
Mais la vue de mon patron ne s'est pas embrouillée - il faut dire qu'un petit punch n'a pas ou que peu d'effet sur une pièce d'homme de sa trempe- et il me regarde toujours. Parfois il détourne le regard, mais nos yeux se croisent plus souvent qu'autrement. Il est assis à deux allées de la mienne, sur l'une des chaises de plastique tellement inconfortables attendant son tour pour jouer. Alors que je viens de faire un abat par hasard ou par un miracle que je ne saurais expliquer, j'ai le sourire aux lèvres et je saute sur place sans trop me soucier de ma robe de boniche. Et c'est quand je le regarde que je comprend que je lui ai révélé mes dessous sans le vouloir.. oups!
Je fais semblant de ne rien savoir et je continue à avoir du plaisir en me convainquant que c'est mieux pour moi de me tenir plus tranquille. La partie se termine déjà.. Et sur cette belle résolution, je me rends à la pièce d'à côté pour trouver ma bouteille d'eau et refaire un peu mon maquillage. En passant devant la salle de bain, mon patron m'accroche le bras et m'attire un tout petit peu contre lui. Il me regarde directement dans les yeux. Je m'attends à rien.
À rien de ce qui a pu se produire ce soir-là, du moins.
À suivre...
Mamz'elle J xx
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