Le t-shirt et la brosse à dents que j'ai oublié chez-toi dimanche, en partant un peu inopinément juste avant que la journée prévue commence. Le genre «inopinément» comme dans «5 minutes avant, on buvait notre café dans le calme et le confort de ton salon éclairé par le soleil du matin. avec chacun une immense tasse de café sans lait ni sucre et nos pyjamas».
Inopinément, parce que ça faisait une semaine que tu me travaillais avec ton idée de passer une journée ensemble, ce qu'on ne s'était jamais permis avant par manque d'opportunité. Et j'ai validé au moins 3 fois avec toi si tu avais vraiment envie qu'on ait plus que juste une nuit collés. Tu semblais emballé à la pensée que nous allions avoir la maison à nous tous seuls, avec 28 heures devant nous pour prendre notre temps et avoir du plaisir sans inquiétude de l'arrivée de ton fils, ou de ta mère ou de ton ex...
Tu m'avais fait un petit plan de match, tout fier d'avoir pour une fois pris les devants avec l'étincelle à l'oeil. Après le souper du samedi, nous nous retrouvions pour une soirée charnelle, une nuit tendre à dormir peau contre peau. Le matin venu, tu allais me préparer le déjeuner, me gaver de tout le café dont j'avais besoin, préparé soigneusement avec les fesses en évidence sous la ligne du chandail enfilé au réveil, et une après-midi à regarder la course automobile à la télé, ta passion infinie que je ne comprends toujours pas. J'allais avoir droit à un cours 101 de NASCAR, habillée comme une fille de bois avec mes leggings et mes bas de laine aux genoux, une camisole colorée et les cheveux en chignon. Tu me trouvais toujours tellement parfaite, et je ne comprenais pas tellement ce qu'il y avait de si extraordinaire. Tu disais que tu aimais que je ne passe pas 3 heures devant le miroir. C'est vrai que depuis que je te connais, je me permettais d'être à mon plus naturelle et à mon moins vêtue sans gêne ni complexe. Tu adorais la vue et j'adorais ton regard de désir quand tu perdais tes yeux dans les miens... M'enfin. C'était avant.
Un film bidon à TVA. Un riche héritier d'un vigneron mort.. le film n'avait pas accroché mon regard, ton visage, si. J'étais collée sur toi, tu avais ton bras autour de mes épaules, ma tête sur ton torse.. personne ne disait un mot. Ma main reposait sur ton torse, que le silence entre nous.,,
Puis dans un élan de lucidité, tu m'as tassée un peu et m'a demandé ce qui se passait.
Ne sachant pas quoi répondre et agacée par ta surprise, j'ai dit qu'il ne se passait rien.
Tu m'as dit que tu sentais un malaise entre nous.
J'ai dit que je ne sentais rien, devenant un peu inquiète.
...et quelques minutes plus tard, comprenant que tu étais perturbé, je t'ai regardé en disant: «Préfères-tu que je quitte?»
J'aurais voulu que tu me dises que nous allions prendre le temps de déjeuner, prendre un deuxième café pour changer l'atmosphère et mettre un peu de death metal dans la chaîne stéréo.
J'aurais voulu que tu comprennes que j'ai voulu être polie et respecter ton espace, sentant que j'étais peut-être de trop dans la maison, que je dérangeais ta routine, que tu réagissais mal à ma présence dans ton quotidien en dehors de nos heures de visite habituelle.
J'aurais voulu que tu ne me répondes pas: «Si c'est pour être malaisant comme ça toute la journée, oui.»
Et je n'ai rien ajouté.
Tu sais, il y a des moments où je comprenais que tes réactions et où je te sentais moins confortable et je voyais venir le coup suffisamment tôt pour pouvoir réagir avant que tu ne sentes le besoin de le faire.
Je n'ai pas su te rassurer, et après coup je sais que ç'aurait aggravé les choses.
Je me suis levée, ai mis ma tasse dans le lave-vaisselle et j'ai enfilé mon manteau avant de partir.
Tu m'as suivi à la porte.
Tu m'as embrassé et tu m'as serré très fort.
Tu as pleuré. Tu sentais mon incompréhension, mais n'avait pas d'explication.
J'ai pleuré. Je n'ai rien compris à ce qui venait de se passer.
Tu m'as dit que ce n'était pas un adieu, de ne pas m'en faire.
Je ne le voyais pas comme ça. Je m'en faisais.
Ma journée avec toi, après la conversation de la veille où on avait eu tellement de difficulté à remettre sur les rails notre relation qui commençait à se complexifier parce que les attentes différaient, tombait à l'eau. Je m'en foutais de la course auto. Et du déjeuner. Je voulais simplement profiter de ce temps qu'on avait juste à nous, sans attente, sans pression.
Mais je me trouvais chez-toi, dans tes affaires, dans ta routine.
Et même si ce n'était pour toi pas un adieu, moi je ne le voyais pas comme un au revoir.
Je ne me ferais pas reconduire à la sortie de ta vie pour revenir sans penser à ce qui a pu se passer avant.
Je repensais à la scène de la clé, il y a deux mois et demi dans le même décor, la même ambiance, toujours des larmes et des émotions à vif. Je n'ai plus envie de ça. Des questionnements. De l'attente. Des doutes. Des attentes qui ne se rejoignent jamais. De toi qui me déclare tes sentiments. De ma peur que tu ne sois pas sincère. De mon pied sur le frein. Du décor qui bouge autour de moi et de moi qui m'empêche de vivre le moment. Je n'ai plus envie de te laisser trois semaines de réflexion entre chaque déclaration parce que tu dis que tu ne regrettes pas de m'avoir dit ces mots-là mais que c'est trop engageant. Alors que je ne te demande strictement rien. Rien du tout.
C'est moi qui t'ai ralentis tellement de fois depuis janvier, pas parce que je n'avais pas aussi envie que toi de les dire ces mots-là, mais parce que je ne voulais pas les dire et que tu n'y accorde pas l'importance que moi, je leur accorde. Diluer la portée de ce que ça représente à mes yeux. À mon coeur. Dans ma vie..
Soit tu en as profité, voyant que j'aurais aimé que notre relation prenne son envol malgré nos univers différents. Soit tu as écouté ton coeur mais que tu n'es visiblement absolument pas prêt pour vivre la suite. La décision t'appartient.
T'appartenait.
Je veux dire... elle t'appartient encore, mais je n'en dépend plus.
Parce que je n'ai plus envie de me blesser.
Tu le sais depuis toujours. Depuis la première rencontre, je t'ai exposé ma faiblesse, je t'ai dit exactement ce qu'il fallait éviter pour m'épargner les larmes et les inquiétudes.
Et je t'ai répété dix fois au moins en près de 5 mois, que je voulais éviter de me créer des attentes envers nous, ce que tu as semblé comprendre sans mettre en application.
J'ai voulu régler la question, te laissant 24h pour revenir sur terre.
Tu veux du temps pour éviter de faire un faux pas et tu refuses de me parler de ce qui ne va pas.
C'est ridicule et tu le sais.
J'ai pleuré dans mon auto, me suis recouchée en arrivant, en enfouissant la tête dans mon oreiller pour éviter que mon coloc ne m'entende sangloter et qu'il pose des questions. J'ai fermé mon téléphone, j'ai mis du Depeche Mode dans mes écouteurs et j'ai redormi une petite heure. À mon réveil, ma chanson préférée jouait. Un signe? Les paroles m'ont redonné un coup de poignard. Pendant ce temps, tu m'avais écrit, mais je ne l'ai pas lu.
J'ai regardé la course dans mon salon au lieu du tien. Sans intérêt, mais par solidarité et pour accorder un peu d'importance à ce qui restait de ton plan. Bref..
Tu vas probablement revenir dans quelques jours, me dire encore une fois que tu veux que je sois dans ta vie, que tu veux être dans la mienne, mais.
Mais.
Il y a toujours trop de mais. Je ne supporte pas les mais.
Coupe-ça court, enlève le plaster.
Donc voilà, pour passer à autre chose peut-être, débarrasse-toi de tout.
Les photos, les souvenirs, les objets oubliés. Tu peux t'en débarrasser. Je ne crois pas que j'aurai la motivation de faire 25 minutes de route pour les récupérer.
Tu peux finir ta réflexion dans la candeur de tes 38 ans, comme si je n'existais plus.
Ma réflexion à moi est terminée.
Jade, xx
Prends soin de toi. Tu a mis cartes sur table, tu n'a pas besoin d'un gars comme ça dans ta vie. Tu sais ce que tu veux, il était au courant et il n'a rien fait même après plusieurs demandes de ta part. Prends soin de toi miss
RépondreSupprimerMalgré la peine que tu as, je crois que c'est le meilleur move que tu pouvais faire. Tu lui a clairement indiquer ce que tu voulais et non. Tant qu'à moi il n'est pas au courant de la personne qu'il vient de perdre dans sa vie. Prends soin de toi, c'est ça l'important présentement
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