J'ai ouvert son message.
Quand j'ai vu la longueur du propos, je l'ai refermé. Je savais. Je le sentais.
J'ai ces papillons noirs dans le ventre chaque fois que je rencontre de ma région et que j'ouvre mon réseau internet sur l'autoroute. J'ai l'intuition qui me dit que quelque chose va se pointer.
Il ne m'avait pas appelé ni texté pour prendre connaissance de mes plans pour la soirée comme il le faisait spontanément tous les dimanches matins. Parce qu'à notre habitude, nous soupions ensemble autour d'une bouteille de rouge et on discutait de tout et de rien sur le sofa durant des heures avant de finir peau contre peau sous ses draps que j'asperge de mon parfum tous ces matins où je reste au lit alors qu'il quitte travailler.
Je lui ai offert de me rendre tout de suite chez-lui pour lui redonner ses choses. Pour qu'on puisse tourner la page le plus rapidement possible. Parce que j'avais envie de ne pas trop laisser traîner les émotions chacun de notre bord. Pour que ce soit facile, rapide et qu'on n'en fasse pas une histoire.
Surtout moi, qui ai une tendance assez forte pour la nostalgie inutile et les pensées autodestructrices ridicules.
Il ne voulait pas. Il me suppliait de ne pas venir, il voulait du temps pour réfléchir.
Réfléchir à quoi.. il venait de me dire qu'il n'était plus certain de rien. Qu'il avait passé la journée avec son ancienne copine pour l'anniversaire de leur fils et qu'il avait l'estomac à l'envers. Il avait peur que ça ne soit pas encore réglé dans sa tête, même malgré ses sentiments pour moi.
Je n'avais pas envie de laisser du temps à quiconque.
Parce que si c'était pas maintenant, ça allait être plus tard.
Et je n'y croyais plus qu'un jour, après une réflexion, j'allais être la grande gagnante de ce jeu qu'on appelle «celle que l'on choisit». Même s'il me regardait depuis des semaines avec les yeux d'un homme qui avait trouvé ce qu'il ne cherchait plus. Et qui avait les paroles et les promesses qui collaient avec le regard en question..
Il y a des fois où je me dis que lorsqu'on doit réfléchir sur nos sentiments, c'est simplement une façon détournée de demander du temps pour trouver une façon d'annoncer la réponse qui nous semble si facile...
Je suis arrivée, j'ai sonné.
Il s'est levé du sofa, en pyjama.
À travers la vitrine de la porte, je l'ai vu me fixer, les yeux tristes.
Je n'avais jamais vu ce regard. Ça m'a transpercé l'âme.
Je n'avais pas obéis à son désir d'attendre et visiblement se présentait à lui ce qu'il redoutait.
Au moment où il a tourné le loquet, j'ai rassemblé mes énergies et l'orgueil qui me restait et j'ai pris une inspiration pour brouiller mes pensées et bloquer mes émotions.
Il m'a ouvert et je suis entrée.
Il a craqué. A répété mon nom 3 fois en pleurant et en haletant.
Je ne l'ai plus regardé dans les yeux.
Je lui ai tendu un sac, avec 2 de ses chandails, sa clé USB de musique de roadtrips qu'il m'avait fait pour que je pense à lui lors de mes voyages d'affaires et sa brosse à dents.
J'ai ouvert l'anneau de mon porte-clé.
Il me répétait «Non, garde-le. S'il te plait, garde-la.»
Pendant que je tournais le cercle de métal pour en sortir la clé de sa maison, je l'entendais sangloter et me dire qu'il était désolé. Ça m'aurait arraché le coeur normalement.
Mais je ne me sentais pas l'envie de devenir sensible.
Il a retenu ma main dans la sienne quand je lui ai donné sa clé.
Il tremblait. Il a donné un long bec sur mon front en me prenant contre lui, ses larmes me coulait dans le visage.
Il le savait que je n'étais pas en colère, ni jalouse de cette femme.
Je n'avais aucune rage en moi. J'étais simplement déçue.
Il connaissait mon historique de déceptions. Il savait dans quel état j'étais.
Il devinait en connaissance de cause, la blessure que j'essayais de camoufler.
Il le savait qu'il venait de donner le dernier coup pour abattre l'animal qui souffre.
J'ai quitté en ne regardant pas derrière.
Je l'ai entendu pleurer et dire mon nom entre deux reniflements.
Mais je ne me suis pas retournée.
J'ai aperçu sa silhouette dans la vitrine du salon jusqu'à ce que je tourne à droite en bas de la rue.
Le système de son à fond la caisse dans mon auto, j'ai écouté du rock et j'ai mis l'air climatisé à fond pour me tenir réveillée avec du vent froid dans le cou.
Je suis arrivée chez-moi 35 minutes plus tard, conquise et chamboulée.
L'énergie à plat.
Je n'avais pas faim, pas froid, Mais j'avais soif.
Un Southern sur glace d'une traîte, je me suis couchée et ai inondé mon oreiller avec le cadavre de ce que j'avais dans le coeur.
Au petit matin, quand j'ai ouvert les yeux j'avais des traces de mascara plein le visage. Mais je n'avais pas son t-shirt. Ni ses yeux qui me regardaient me réveiller tranquillement.
Et je souhaite que, si ça ré-arrive un jour, ce soit parce que je suis celle qu'il ne cherchera plus jamais.
Je sais que son lit sentira mon parfum encore quelques jours..
..tant pis.
Jade xx
bon courage ....
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