Abandonnée, à bout de souffle et de larmes, je me suis convaincue que cette combinaison de mots me poussait vers le bord du précipice. J'ai voulu arrêté le supplice de chercher dans les yeux de mon interlocuteur la moindre activité cérébrale entourant la réception d'un message si lourd de sens. Parce que je sais de toutes façons qu'un je t'aime finit toujours par perdre un peu de son lustre lorsqu'entendu à maintes reprises.
J'ai tenu parole. Sauf une exception. À un homme que je connais depuis des années... Après m'être promis que je n'allais plus le dire à personne, j'ai pensé qu'il allait être le dernier et le seul à y avoir droit.
Je lui ai dit.
Lancé comme ça de façon simple.
Lui disant que je n'attendais rien en retour.
Je t'aime.
Ça veut tout dire. Ça veut rien dire.
C'est une promesse implicite, de se tenir debout et prêt à attraper au vol le coeur en plein battement pour lui éviter une possible chute. C'est une liaison entre deux corps et deux âmes qui n'a pour but que le partage d'un instant de vie et de total abandon.
Ça donne des hauts-le-coeur à tous les marins qui n'ont jamais pris la vague. C'est une déchirure à vif d'une chair qui demande d'être caressée. C'est l'offrande d'un poignard à la lame infectée emballé dans une étoffe de soie. C'est le risque à prendre d'y faire face ou de se le mettre à dos.
C'est beau.
C'est lumineux. Ça joue une musique apaisante et confortable.
C'est aveuglant.
Ça transperce les organes vitaux et laisse la victime geindre dans son sang et ses larmes.
-Mon journal, octobre 2015
Je n'ai plus eu le courage de regarder quelqu'un dans les yeux et de lui dévoiler mes sentiments. En ai-je des sentiments, de toutes façons... La nature de ce que j'exhibe, de l'entièreté de ce que le message d'amour que je lance implique, personne n'a semblé avoir compris. C'est comme lancer à la mer la dernière bouée que l'on a pour sauver une vie que l'on juge plus pertinente que la sienne-même.
Un individu masculin m'écrit.
Je lui réponds.
Il me récrit.
Je lui re-réponds.
Le championnat de ping-pong qui dure pendant 8 jours.
On parle de heavy metal et de Pornhub.
Rien d'impliquant, j'ouvre même pas la machine sur ma vie personnelle.
Puis à un moment, il me lance un «Je suis en train de tomber amoureux d'une inconnue et ça m'effraie».
Calme-toi, 8 jours pour aimer, c'est de l'amour creepy.
-Mon journal, janvier 2016
Fascinant ce qui se dessine dans la tête d'une femme qui a perdu l'envie de croire que ça peut arriver.
Je n'y ai pas donné suite. L'ai probablement insulté en ne lui répondant pas «moi aussi». Parce que je ne suis pas amoureuse. Parce que je ne le serai probablement plus amoureuse. Parce qu'être amoureuse, c'est me présenter totalement nue et offerte sur le piédestal qui finira par me tuer.
Et je suis là à me demander si ça finira un jour, la boule dans le ventre et les montées de larmes. La douleur incessante de me demander si je suis digne de l'amour de quelqu'un.
C'est parce que j'ai eu droit à des silences, des bonhommes sourires et des je t'adore, que la dernière fois que j'ai répondu «moi aussi» à un je t'aime, c'était la fin d'un espoir en ma vie avec à mes côtés, une âme aussi errantes que la mienne...
Mamz'Elle J xx
Je vous lis depuis longtemps. Quelle évolution dans vos écrits ! L'évolution d'une belle personne et non plus celle du paraître.
RépondreSupprimerVos "Je t'aime" , sont là, ils mûrissent, vont prendre de l'assurance et davantage de valeur. Prenez le temps de porter vos "Je t'aime" à vous-même en premier. :)
j'ai parcouru le blog en diagonale...on y lit des choses stimulantes, des choses très stimulantes, des choses un peu ésotériques (j'ai bien dit "ésotériques"...) des choses drôles aussi ...pour un dégueulis de maux et manque de structure, je trouve ce dernier texte presque très bien .Quelque chose comme un sous chef d'œuvre.
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