Toutes les fibres de mon corps m'ont crié de ne pas appuyer sur «Envoyer» hier matin.
Ce qu'il me restait d'humanité, j'ai eu l'impression d'en faire une bombe et de l'envoyer dans ton camp avec le plus d'élan possible. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas attendu, comme je pensais le faire.
Je ne sais pas pourquoi je me suis précipitée pour te donner un signe, parce que de toutes façons, c'était clair pour moi... Et signe ou pas, je crois bien que tu t'y attendais aussi.
J'ai eu envie ce matin, en finissant mon deuxième café, de mettre mon coeur sous la guillotine.
J'ai pris la chance de te composer un message simple et de laisser la vie faire le reste pour moi.
J'ai pris le risque de fermer les yeux et de peut-être tomber sur «Enregistrer le brouillon» ou alors, de l'envoyer..
Je suis tombée sur le 50% que je souhaitais le moins, mais qui devenait un incontournable.
C'est pas tombé sur le brouillon.
Des brouillons de lettres d'amour, j'en ai des dizaines dans ma boite courriel.
Elles te sont toutes adressées.
D'ailleurs, le premier brouillon remonte à octobre 2010.
J'ai passé le weekend à les relire.
C'est trop fou à quel point on a vécu une belle et grande histoire. Probablement que ni toi, ni moi ne revivrons ça de toute notre vie en fait..
Et moi, je ne le souhaite pas non plus. Je veux que t'appartienne pour le reste de mes jours les souvenirs de ces 5 dernières années.
Ça me frappe de voir que s'écroulent près de 5 ans de travail comme ça, en une demi-seconde. Si ce n'était que du travail... Nous deux seuls savons ce que ça représente à mes yeux. Aux tiens. Tout ce que nous avons mis dans cette relation. Ce que nous y avons perdu aussi..
C'est davantage ça qui me revient en tête.
Qui me déchire.
Qui me tue à ce moment-ci.
Parce que j'ai tellement voulu être à toi.
J'ai tellement voulu vivre ce moment où enfin tes bras allaient être grands ouverts, que pour moi.
Où nos coeurs allaient s'accorder au même diapason, enfin.
J'y ai cru. Très fort.
Trop.
Fort.
Et longtemps.
Et j'y ai cru jusqu'au dernier soupir.
Au dernier appel.
Que quelque chose allait se passer.
Que j'allais avoir droit à un aveu d'amour à m'en faire perdre la tête.
Que nos corps auraient tout leur temps pour se souder comme ils aimaient si bien le faire.
Tes doigts dans mon dos durant toute une étreinte, tellement intense et sincère que l'air n'aurait pas même une place à se tracer entre nous deux.
J'ai tellement voulu être la Première dame de ton coeur.
Arrêter de faire semblant que ça m'amusait nos jeux de complicité et de partage de corps,
Arrêter de t'étreindre en te souhaitant de rencontrer la femme qu'il te fallait pendant que tout bas, je rêvais si fort et depuis si longtemps que ce soit moi que tu choisisses.
Choisir.
Tellement le mot qu'il faut.
Le terme le plus approprié dans les circonstances.
Le mot qui me ramène toujours au paquebot de mes regrets.
Je vais dire comme tu dis: On a peut-être pas la place que l'on souhaiterait.
On n'a jamais eu cette place. On n'a pas choisi la forme d'amour la plus saine.
On n'a pas choisi la voie facile. On n'a pas choisi nos besoins, nos désirs, ni nos âges.
On n'a pas choisi nos villes, nos travails, nos familles.
On n'a pas choisi un plan sur mesure, disons...
On n'a pas choisi de s'aimer.
On n'a rien choisi, sauf une chose; c'était de se laisser une chance.
C'est ce qu'on a fait, sans se poser de questions. Pendant près de 5 ans.
On s'est fait des promesses par millions, on a vécu du Bon. De l'Inoubliable.
Du Charnel. Du Téméraire. Du Classique. Du Sensuel. Du Disjoncté. Du Tabou..
De l'Intense. Du Secret. Du Gingembre. Ah, ce gingembre..
On a oscillé entre la confidence volontaire qui fait mal et garder secrètes des histoires ordinaires.
On a joué à qui tiendrait le coup le plus longtemps au jeu du libertinage.
À ce jeu qui me détruisait tellement chaque fois que tu me ramenais une histoire...
Et j'ai fait semblant. Semblant pour te plaire. Pour que tu me trouves un intérêt particulier à ton retour. Pour faire comme une vraie femme. Une vraie femme pleine de confiance qui laisse, par je ne sais quel phénomène, son coeur s'arrêter de battre le temps que l'autre aille voir ailleurs. Mais c'était un vrai poignard. Affûté. Tranchant. Qui m'arrachait le coeur de plus en plus chaque fois. Mais j'ai encaissé sans broncher à chacun des coups, de moins en moins bien je sais, jusqu'à ce que je me regarde en face; je suis pas celle qu'il croit que je suis.
Mon constat à moi; je ne le rendrai jamais heureux.
Est-ce qu'on avait vraiment besoin de se tester? On avait pourtant ce beau pouvoir, nous deux. On se serait suffit. J'en suis certaine.
Mais j'ai menti. J'ai souffert le martyr et pour me prouver que j'étais capable moi aussi de jouer le jeu comme les grands amants de la Terre sans attache ni jalousie, je courtisais de mon côté. Et je ne vais pas te mentir, j'y ai pris plaisir. Mais j'aurais pu ne pas le faire.
J'aurais pu. Je le peux.
Et je pensais que j'allais finir par oublier que l'homme que j'aimais se détachait de moi. Qu'en jouant à cette femme qui gelait ses sentiments le temps que son grand amour se tapait les cuisses d'une autre, j'allais prendre du mérite dans ton coeur.
Je t'ai perdu quand même. Même en mentant.
Toi;toi, tu me disais que j'étais la seule.
La seule à qui tu disais «Je t'aime».
J'étais la seule au monde pour l'homme de qui j'étais amoureuse.
De toutes celles qu'il convoitait, de toutes ces femmes charnelles et assumées, de toutes ces beautés aux grands cils et à la jambe parfaite, j'étais celle qu'il aimait. J'étais si fière de compter pour toi.
Et j'attendais encore le signe, le jour où tu allais m'annoncer que c'est moi qui détrônais toutes les autres haut la main et qu'on commençait notre vraie histoire. Une histoire à deux. Nous deux.
Juste. Toi. Et. Moi.
Le signe ni le jour ne sont venus.
Et à un certain instant, l'un de nous a croisé la route d'un train appelé «complicité» dans lequel il a jeté bagage et est parti en abandonnant l'autre sur le pied de la gare, la valise à la main, après 5 ans d'attente pour le voyage de sa vie.
... J'ai ris sur tes mots.
J'ai ragé sur tes mots.
J'ai pleuré sur tes mots.
J'ai bavé sur tes mots.
J'ai jouis sur tes mots.
J'ai tout fait. Tout vécu. Tout laissé me traverser comme une flèche en plein coeur.
J'ai laissé tout mon être ouvert à tes secrets, à tes envies, à tes demandes.
Tu as connu l'enfant en moi et apprivoisé mon corps de femme.
Mes blessures irréparables,
Tu as touché mes cicatrices et en a même épongé le sang qui en coule encore.
J'ai pris dans mes bras l'être fragile derrière la façade de rock, ai caressé tes cheveux pendant que tu pleurais sur mon coeur. J'ai vu en toi ce que personne ne voyait, même sous ta chair de chevalier.
Tu me connais.
Tu me connais même plus que je ne me connais vraiment.
Tu sais à la lecture de cette lettre tout, absolument tout ce qui se passe en moi.
Et je mentirais si je disais qu'à cet instant où j'écris tout ça, je ne souhaite pas un peu revenir en arrière pour avoir encore le droit de te revoir, ne serait-ce que pour des adieux à la hauteur de ce que nous avons partagé ensemble.
Je n'ai jamais été plus vraie que ce soir. Je te révèle des choses que je m'étais jurée de ne jamais te dire. Je te les dis parce que je sais que je n'ai plus rien à perdre.
Puisque ce que j'avais de plus précieux, c'était toi.
Ta Renarde.
Ta Jade.
Ta Mamzelle.
Celle que tu aimes peut-être encore un peu, juste assez..
J.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez-moi vos commentaires, j'apprécie vos réactions!