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8.27.2013

Petit blues d'automne..

On aurait pu habiter si près l’un de l’autre qu’en prenant nos cafés le matin, nous nous serions vus en pyjama sur nos balcons respectifs. Nous aurions pu avoir sensiblement le même âge, les mêmes aspirations, les même acquis, la même vie ou presque dans une banlieue de Montréal où tout le monde possède sa piscine et son tracteur à gazon. Nous aurions pu être issus du même rang social, avoir été à nos cours de psychologie universitaire ensemble, avoir assisté aux spectacles de fin d’année de nos enfants à la même école, roulant des yeux quand nous sentions arriver le concert de xylophone des plus jeunes… Mais la vie a décidé de nous faire croiser le chemin l’un de l’autre et pourtant, tout nous éloignerait si nous n’avions pas tissé une petite partie d’éternité ensemble. Je suis début vingtaine, fière habitante de la Capitale Nationale et je ne sais pas où le destin me traîne. Tu es début quarantaine, payeur de taxes scolaires quelque part de l’autre côté du fleuve, avec une femme et des enfants prodiges. 

Est-ce que ça a un sens tout ça? Est-ce qu’après 3 ans, notre couple illégitime est voué à un déclin tranquille, une perte de vitesse, le résultat d’une lâcheté des deux membres au profit de mieux, de plus beau, de plus grand, de plus «souvent».





Je ne crois pas. Les histoires d’amour entre deux êtres se voyant si peu souvent finissent toujours par échapper aux griffes de ce quotidien astringent, oui. Nous n’aurons jamais à faire face à une routine de Métro-Boulot-Dodo parce que nous n’habiterons jamais ensemble. Nous ne nous disputerons jamais pour savoir qui de nous deux devra se lever au petit matin pour donner à boire au nouveau-né… Nous n’aurons pas à faire face aux visites dans la belle-famille, aux soirées entre amis qui finissent mal, à la cohue du retour en classe de nos kids, pas plus qu’à la course contre la montre pour aller porter les enfants à leurs activités parascolaires à 6h le matin. Mais tu vois, si nous nous étions rencontrés il y a 20 ans de ça? Si j’avais eu ton âge, si tous les paramètres auraient été là, est-ce que je ne serais que ton amante?

Qui suis-je au fond, que la jeune femme que tu verras 8 fois par année, qui te videras les couilles jusqu’à la dernière goutte, qui te prêtera sa gorge et ses seins en échange de passion amoureuse et de baisers langoureux... Je ne doute pas de tes sentiments pour moi quand je dis ça.. ce n'est pas une provocation, mais plutôt un jeu de questions.. Est-ce que je resterai toute ma vie accrochée à toi comme mon cœur l’est présentement, à chercher partout une occasion de trouver le réconfort de ton parfum, du vert de tes yeux, du goût salé de la sueur sur ta peau après l’amour.. Vais-je rester celle qui au fond d’elle-même se sentira toujours comme la petite fille que tu prendras dans tes bras quelques heures par mois quand la vie nous sera généreuse, pour la rassurer et lui dire que tu l’aimes aussi, que je te manque, que tu voudrais qu’on se voit plus souvent mais que c'est pas facile avec tout le train-train et tout... 

À chaque fois que tu pars vers un autre ciel, mon bel oiseau, je me sens un peu flouée. Parce que je sais que l’amour que je te porte est trop grand pour que je te l’offre en mains propres qu’une fois par deux ou trois mois. Et qu’on ne partira jamais en vacances ensemble. Que le mieux que j’aurai dans ton agenda, si le karma nous en laisse le droit, sera un weekend à l’hôtel, à se méfier des passants qui pourraient te reconnaître ou me reconnaître quand on sortira de notre chambre embaumée par l’odeur du sexe et du vin... Le mieux que l’on pourra aller chercher de notre weekend sera l’impression de s’être enfin accordé du temps ensemble, d’avoir cédé à nos pulsions et à s’être communié une émotion profonde malgré la fatigue et la minuterie qui jouera contre nous. Au final, quand la fin du weekend arrivera et que ce sera bientôt l’heure de repartir chacun sur notre rive, tout ce dont mon cœur sera rempli, c’est de chagrin et de peur. Et d’envie de remonter à la chambre pour que tu me prennes une dernière fois. Juste une fois.. 

Tu le sais que les au revoir  sont toujours aussi déchirants. Tu me connais trop bien pour savoir exactement quand ma lèvre commencera à trembler et que je retiendrai mes larmes aux coins de mes yeux dans le lobby de l’hôtel, dans le  stationnement sous-terrain, sur le siège de ta voiture… tu ne te doutes pas du nombre de fois où je me suis réfugiée sous la douche pour pleurer toutes les larmes de mon corps, inconsolable, au retour d’une journée avec toi. L’intensité du bonheur que j’ai en passant la main dans tes cheveux n’a d’égal que la douleur profonde de mon cœur émietté une fois que ton auto n’est plus visible de ma fenêtre. 

Je t’aime mon chéri. Je t’aime. Peut-être trop. Peut-être mal. 

Je ne sais pas. Comment peut-on aimer un homme qui porte un jonc qu’on ne lui a pas nous même offert? Comment peut-on aimer un homme qui immanquablement retournera auprès d’un autre corps la nuit tombée? C’est difficile. Je sais que je peux encore tenir le coup. Je le fais parce que j’en arrive à oublier qu’au fond de moi, le désir de te retrouver me consume. Je le fais pour toi. Et pour moi. J’ai compris la nature de mon engagement envers toi il n’y a pas si longtemps en fait.

Au départ, je ne me doutais pas de tout ce qui nous arriverait. Ce à quoi nous allions être confrontés. Si tu me demandes avec du recul, si j’étais prête à mes 20 ans à te faire autant de place dans ma vie que je ne le fais depuis, en sachant que je n’étais pas et que je ne serai jamais la première dans ton cœur, je n’aurais jamais accepté. Mais force est d’admettre que c’est quand même ce que la vie me réservait… et plus ça va, plus ça fait mal.  



Mamz'elle J xx

3 commentaires:

  1. Ayant vécu quelque chose de semblable, dans la position de l'aigle, pendant 7 ans, je pourrais t'en parler pendant des heures de pensées de ce dernier. Mais pour le moment tout ce que je puis te dire est de penser à toi, à ton bonheur, et non à celui de l'autre.

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  2. Ah, ce putain de strapontin sur lequel nous sommes assises........... :(

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  3. Bonjour, je n'avais pas pris la peine de lire ton blog jusqu'à présent, à cause du titre (les "confessions de salopes" sont légion sur la blog et généralement, ça me fatigue : "je suce", "tu m'encules", etc. sourire). Mais un ami m'en a parlé et j'ai été curieuse. Je découvre ainsi que tu es juste amoureuse d'un mec plus âgé, marié... pas là... etc.
    Je rejoins Bello dans ses préconisations et j'ai confiance en ta jeunesse pour t'épanouir dans un amour plein un de ces jours. Tu as le droit de connaître les disputes avec la belle-famille, les dîners avec les amis qui tournent mal... C'est ça la vraie vie partagée. Celle que lui a avec la femme qu'il ne quittera pas pour toi. C'est sans doute cruel ce que je te dis mais vois tu, j'ai quelques années de plus au compteur (et pas mal de connaissance de ces situations) et une fille un peu plus jeune que toi :-) Si elle était dans ta situation un jour, je ne lui dirai pas "quitte le" car cela ne servira à rien. Mais je lui dirai que sa vie ne s'arrêtera pas, heureusement, au seuil du foyer de ce mec et surtout qu'elle reste ouverte au monde. Voyage loin... longtemps (tu es jeune, tu peux le faire)... et si au retour tu l'aimes encore, on en reparle :-)
    Tu as un bien précieux qu'il n'a plus : la jeunesse et l'avenir sans limite. Savoure.

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