Je dois vous avouer une chose.
Je n'ai pas une super bonne mémoire. En fait... c'est un peu complexe. Je retiens des trucs ridicules et des détails insignifiants sans me forcer mais les prénoms des gens, c'est difficile. Je sais par coeur environ 2000 chansons mais si vous me demandez qui a fondé Trois-Rivières, vous êtes foutu. Mon meilleur truc de tous les temps pour me rappeler de quelque chose d'important a toujours été de l'écrire. C'est un peu ce pourquoi j'écris des billets pour raconter des aventures sur mon blogue, ça m'aide à me souvenir de détails subtils et importants en gardant fraîchement en mémoire des instants magiques ou touchants. Et du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours eu cette méthode pour me remémorer mes bons et mauvais coups.. volontairement ou non. Je vous explique.
Je fais du ménage chez-moi. Je tombe sur mon journal intime de l'année où j'avais 17 ans. À vue de nez comme ça, je dirais que ça va parler de mon implication socio-culturelle, de mes réalisations artistiques, de mes projets de vie et de départ en appartement, de mes résultats scolaires, de mes amours.. mais je réalise que je ne me souviens pas nécessairement d'une image ou d'un fait entier avant d'ouvrir une page au hasard..
Ça ne fait pourtant seulement que 5 ans de cela.. Bref, en relisant je suis très touchée par le regard que je portais sur le monde et ses travers, sur les frustrations politiques que j'avais alors que je ne votais même pas encore.. et je relis les 12 pages que j'ai écrit au retour de la soirée la plus émotive de ma jeune vie amoureuse.
Ces 12 pages où je raconte en détails les plus pointilleux ce que j'ai dit, ce que j'ai fait, ce à quoi j'ai pensé quand je me suis retrouvée dans sa chambre, terrifiée mais excitée, entreprenante mais timide, amoureuse mais orgueilleuse..
Plus je lis, plus je me sens revenir à mon état émotionnel de cet instant où j'ai descendu l'escalier pour aller remettre mon manteau et partir de chez-lui le coeur chancelant et la tête remplie de sentiments contradictoires.. Je me rappelle être rentrée chez-moi en pleine nuit, avoir pris un stylo à encre gel vert brillant et d'avoir ouvert un cahier ligné en fondant en larmes parce que je devais me dépêcher d'écrire ce qui s'était passé avant d'en échapper des bribes et de regretter. J'avais contenu ses paroles autant que les miennes, ses gestes autant que les miens. Mes yeux avaient accroché sur des détails anodins, mais couchés sur ces feuilles de cahier Canada, ils prenaient soudainement un tout autre sens. J'avais alors écrit l'entièreté de ma soirée à une vitesse fulgurante comme si je n'avais pas le contrôle de ma main, comme si je ne pouvais prendre de recul et prendre le temps de chercher les mots appropriés. Ils sortaient d'eux-même, remplissant de «glitter» ces pages vides qui allaient devenir le sanctuaire de mes souvenirs, joignant les boucles de mes lettres calligraphiées si rapidement aux larmes qui coulaient elles, trop doucement.. Ça a duré presque une heure. Une heure pendant laquelle je n'avais plus le contrôle de mes pensées, de mes émotions, du crayon et de ses traces, de ma tête et de mon coeur.
Si je n'avais pas été cette amoureuse des mots ou une folle finie de cet homme que nous appellerons «T», jamais je n'aurais eu la chance de composer mes meilleures tounes ou de me rappeler aujourd'hui à quel point je vivais ma passion à 100 à l'heure, dans un petit coeur qui découvrait les joies naissantes de l'amour véritable et sans lendemain. Je pense avoir tué mon côté romantique avec lui, haha.
C'est drôle.
J'étais amoureuse de ce garçon.. disons, de cet homme (il avait 28 ans à l'époque) et je n'avais encore jamais vécu une telle chose. Je n'avais jamais passé des heures à regarder par la fenêtre, espérant le voir passer sur la rue, je n'avais jamais écrit autant de poèmes et de chansons, jamais dessiné autant de coeur et d'anges dans mes cahiers durant les cours, jamais passé si près de la folie qu'avant cette passion pour lui.
J'avais une vision bien établie de ce qu'était l'amour, la fusion de deux êtres, les sentiments réciproques et passionnels, la vie commune et le bonheur de partager des semaines, des mois, des années dans les bras de l'autre.
C'est très drôle.
Je relis ça aujourd'hui et il n'y a pas tant de choses qui ont changé concernant ce côté de moi.. Ma vision de la vie en général a tellement changé en 5 ans! Peut-être qu'au point de vue amoureux, j'avais déjà la maturité nécessaire pour réfléchir de la façon de je le faisais. Et je n'ai aucune difficulté, avec le recul que j'ai maintenant, à comprendre comment je réfléchissais pour une jeune adulte de 17 ans en amour par dessus la tête avec un homme en couple.. de 9 ans de plus. On n'est pas si loin de ma réalité actuelle, à quelques chiffres près!
Plus ça change, plus c'est pareil!.. et je remercie mon subconscient de m'avoir donné autant de matériel afin de me replonger dans mes histoires d'amour passées et de sourire.
Puis, je lis le reste de mon journal en concluant que lorsque je ne faisais pas mention de mes amours, j'étais une vraie chialeuse!
P.S.: J'étais vraiment trop addict au crayons-gel quand j'étais ado.
Et voilà, une autre parcelle de ma vie.
Mamz'elle J xx
Touchant...
RépondreSupprimerMoi aussi il y a cinq ans je recevais une lettre. Un tournant. Une leçon magistrale et
RépondreSupprimerCette nuit qui a suivi je n'ai pas dormi.
Tout est resté chez mns. J'ai encore quelques heures ou quelques jours pour tout sauver
Ou tout laisser
J'hésite.
Merci Jade de me rappeler que si je veux avoir le plaisir de relire un jour mes pages remplies à l'encre gel , j'ai intérêt de me bouger!
Je suis totalement d'accord...touchant!
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