Vous étiez fort probablement assis à la table chez le beau-père, avec chacun un verre de Sortilège sur glace, à manger un gâteau acheté à l'épicerie à la hâte avec ton seul nom écrit dessus. Pour la première fois en six ans, l'attention ne devait être que sur toi. Peut-être aussi que c'était pour toi l'occasion parfaite pour amener ta soit-disant nouvelle copine qui, aux dires de tes amis tu n'aimes pas plus que ça, mais comme elle n'est pas trop chialeuse donc tu la traînes partout pour te sentir moins seul. Mais tu n'es pas à plaindre, au contraire; une blonde pas de caractère, ça doit tellement flatter ton côté narcissique. Ça doit tellement te faire sourire de voir que pour la première fois de ta vie d'adulte, personne ne te reprend ni te challenge dans tes opinions et tes projets.
Pendant ce temps, j'étais nue dans mon lit.
Mon beau grand lit queen que je ne partage avec personne la grande majorité du temps. Et heureusement, je me sens libre de le faire lorsque ça me dit. Tant qu'à avoir quelqu'un dans ma vie juste comme vitrine ou pour me faire croire que je séduis encore... N'empêche.
Et au lieu de déballer des cadeaux et avoir une fausse joie en découvrant pour la 4e fois en autant d'année une carte-cadeau SAQ parce que ta mère est débordée et qu'elle sait que tes passes-temps se résument à boire et magasiner à la SAQ... j'avais d'autres projets. Pendant que tout ce qui t'intéressait c'était le solde de ta nouvelle carte d'achats, du côté de mon logis un homme s'intéressait à moi. À ma peau. À l'odeur de mon parfum. Il prenait son temps à me déballer moi, la femme dont il avait envie. Il n'avait pas envie de savoir à la hâte ce que j'allais lui donner comme satisfaction pour se pousser et aller dormir parce que le souper est d'un ennui...
Je connais ton sentiment de presse quand vient le temps du dernier café. Je pourrais gager que tu as remballé tes cadeaux dans le plus grands des sacs, en laissant ta famille s'occuper de ramasser la vaisselle, les rubans et les millions de petits ballons métalliques sur la table de la cuisine. Parce que te lever de ta chaise est un effort trop grand lorsque tout le monde autour de toi est tellement en pâmoison devant ton Être et tes Avoirs qu'il finissent par en oublier que tu vis dans ton monde égoïste où jamais personne ne te fera lever le petit doigt pour faire de la besogne.
Vous étiez probablement assis l'un à côté de l'autre toi et «la fille que tu n'aimes pas mais que tu traînes parce qu'elle est pas chialeuse» et tu cherchais probablement à écraser ton frère sous tes réalisations professionnelles et personnelles, en multipliant les occasions de montrer que tu faisais un salaire nettement supérieur à 5 des 7 personnes autour de la table. Tu lui défilais surement les photos de tes nombreux voyages des derniers weekends, où tu avais pris en photo «la fille que tu n'aimes pas mais que tu traînes parce qu'elle est pas chialeuse» devant les endroits et bâtiments que tu avais pris en photo lorsque nous y étions. Parce que tout le monde a remarqué que tu étais retourné partout où nous avions l'habitude de nous exiler ensemble, même tes amis Facebook. Mais tu y es retourné avec cette demoiselle qui ne doit pas un instant se douter de ce que ça a représenté pour toi, pour moi ou pour nous. Ta mère a dû sentir un couteau se glisser dans son estomac lorsque tu as dû mentionner après 4 ou 5 verres de vin durant le souper que tu regrettais pas pour tes 30 ans de m'avoir «calissé là» avec si peu de classe. Tu ne le sais probablement pas qu'elle et moi sommes encore en contact et qu'elle m'estime plus que tu ne l'as fait. Et quel immense malaise ça a dû être pour «la fille que tu n'aimes pas mais que tu traînes parce qu'elle est pas chialeuse» et le reste de la famille..
Tu as probablement secrètement rejoué quelques uns de nos souper d'anniversaire en famille.
Les 6 derniers en fait. Avec les rires et les conversations que nous avions, quand moi et le beau-père partions sur des discussions d'affaires et que tu nous écoutais débattre en voyant que je me débrouillais pas si mal en argumentaire. Quand je m'éclipsais avec ta mère pour préparer les assiettes à dessert avec l'ensemble de mes «skills» en cuisine. Quand je sortais ma guitare après la 3e bouteille de vin et que les lumières se tamisaient au salon pour chanter du country tout doux. Je ne sais pas si tu réalises que tu n,es plus le même homme que celui que tu étais. Que ceux qui t'aimaient se soucient de te voir devenir si aigri par la vie, de devenir tellement imbu de toi-même et refermé sur tes propres pensées que tu perds tous ceux qui t'appréciaient. Ceux à qui tu n'as pas montré la porte dans un élan sentimental de jeune fils à sa maman qui n,avait jamais eu mal, jamais eu de coup dur et qui semblait parfaitement à l'aise avec l'idée de jeter au rebus plutôt que de réparer ce qui n'était que fissuré. Tout ne s'achète pas, malheureusement. Vois-tu, à 30 ans tu aurais dû le comprendre.
Pendant ce temps, je n'avais pas du tout envie de revoir la souvenirs heureux de ce qu'était devenu ma famille. Mon entourage. Mes seuls piliers. Ton frère et sa copine, ta mère et son conjoint. Ce qui me servait de noyau dans cette nouvelle vie que nous avions bâti ensemble. Cette vie que tu m'as arraché des mains sans trop d'explication, pour la chiffonner devant mes yeux et la redonner à «la fille que tu n'aimes pas mais que tu traînes parce qu'elle est pas chialeuse». Tout le monde semble en avoir souffert de ta décision. Tout le monde sauf toi. Sur le coup, j'étais atterrée, maintenant, je le vois d'un autre oeil. Parce que pendant ce temps, je célèbre les premiers mois de marche sans béquille. Je découvre le désir dans les yeux de quelqu'un. Le vrai. Par le désir de fin de soirée arrosée, quand une fois aux 3 semaines tu te sentais le besoin de me dire que j'étais belle pour m'enflammer et me prendre par derrière le temps que tu durais, soit 4 minutes au maximum de ta forme.
Je te souhaite beaucoup de bonheur avec «la fille que tu n'aimes pas mais que tu traînes parce qu'elle est pas chialeuse». J'avais beaucoup de caractère, je sais. Peut-être trop pour ce que tu pouvais vraiment tenir. Et j'ai évité durant des années de créer une frustration au sein de mon couple pour tes travers et tes défauts qui n'allaient de toutes façons pas changer. Je me suis mis en mode «acceptation» plutôt qu'en mode «je vais finir par te changer». Je sais que j'étais une bonne fille, avec une tête sur les épaules. Que j'étais devenue un phare dans la belle-famille, acceptée et aimée de tous. Que ça a créé une onde de choc bien plus grande que tu ne le crois que du jour au lendemain, je ne les aie plus revus et que ce que tu leur as fourni comme argumentaire n'a pas fait l'unanimité.
Je te souhaite de vivre sereinement ta crise de la trentaine, en te rappelant chaque jour la chance que tu as eu par le passé. Parce que je sais que la vie va te réserver sans doute à toi aussi des impasses, des moments de profond regret et de découragement.
Pendant ce temps, je vis me première année d'adulte célibataire et décembre est particulier.
Je pensais me mettre un couteau dans le poignets avant même de quitter notre maison quand tu m'as laissé. Mais je suis encore là. À l'aube de mes 25 ans, je suis entière, libre et je suis moi. Et je me fiche de ce que tu racontes sur moi pour que tout le monde soit si solidaire à ton choix de briser une vie de couple pour absolument aucune raison. Pour briser la femme que tu étais sensé aimer. Chérir. Marier. Je vis ma première année de remise en question, de remise sur les rails d'une vie que je n'imaginais pas sans toi, avant de l'y être forcée. Mais je suis bien. Affectée, affaiblie, désorientée, mais je me tiens debout. Avec ma force et mon «self control». Et mes inombrables faiblesses.
Surtout, je ne serai jamais «la fille que tu n'aimes pas mais que tu traînes parce qu'elle est pas chialeuse», et j'en suis particulièrement fière. Mon caractère m'aura sauvé la vie encore une fois.
Bon anniversaire, ex.
Mamz'Elle J xx
Bonjour, belle journée,
RépondreSupprimerAprès lecture de quelques uns de vos textes, celui-ci me fait conclure une chose : finalement il a été très sympa ce garçon. Très sympa de vous libérer...d'un con pareil!
Retrouver la liberté de vos 25 printemps est sans doute ce qui pouvait vous arriver de mieux.
Et s'il ne s'est pas avéré être à la hauteur de votre investissement affectif, et bien c'est lui le grand perdant.
Je vais ouvrir une bouteille de champagne pour fêter votre liberté retrouvée pour vos 25 prochains printemps...
Bonheur des Découvertes, Joie des Partages, et Sexe Accompli à vous,
Sir John